Syndrome d’Hikikomori : quel est ce mal qui touche de plus en plus les jeunes ?

Le syndrome d’Hikikomori prend son origine au Japon en 1998. C’est un psychiatre nommé Tamaki Saito qui l’a découvert. Le nom est l’assemblage de deux idéogrammes : Hiku (tire vers soi) et Komori (s’enfermer). En termes plus simples, il s’agit de se retirer de toute vie sociale pendant plus de 6 mois. Ce sont les adolescents et les jeunes adultes qui sont les plus touchés. On vous donne les détails.

Quelles sont les causes du syndrome d’Hikikomori ?

C’est le psychologue Ludovic Gadeau qui donne son point de vue sur ce phénomène. D’abord, ce sont les garçons âgés de 15 à 35 ans qui sont les plus atteints par l’Hikikomori. Environ 75% des cas. D’abord, l’impact psychologique dû à des expériences ou des évènements dans la vie de ces jeunes peut être une cause. Cela peut être un échec inattendu. Par exemple, un élève brillant et qui a bossé dur se retrouve à rater ses examens. Le sentiment d’être isolé ou bien le harcèlement scolaire. Ainsi, le fait de s’éloigner leur permet de s’apaiser émotionnellement.

Pour Ludovic Gadeau, au Japon, ce phénomène est tout simplement le fruit de la culture du pays. « L’explosion quasi épidémique de ce syndrome au Japon s’explique sans doute par les caractéristiques de la culture japonaise, prise entre tradition (qui efface la dimension individuelle au profit du collectif) et néolibéralisme (qui promeut les valeurs inverses), à quoi il faut ajouter l’impact inédit de la révolution numérique sur les liens sociaux ». Au Japon, la valeur travail et la valeur groupe occupent une place centrale dans la société japonaise. Ainsi, chacun doit apporter sa part dans « l’entreprise Japon ». « Celui qui ne s’approprie pas cette valeur ou qui ne saurait pas l’honorer n’aurait que la marginalisation comme solution, le lien social ne se faisant qu’en tout ou rien », admet-il. Malheureusement, la pression finit par détruire les adolescents car ils se sentent incapables alors ils s’isolent. Ils deviennent des Hikikomoris.

Est-ce qu’on peut soigner ce syndrome ?

Il faut noter que deux niveaux d’Hikikomori. D’abord, il s’agit d’Hikikomori primaire quand la personne n’a aucune pathologie sous-jacente, ni trouble avéré de la personnalité. Puis, c’est secondaire quand une composante psychopathologique identifiable (un désordre mental), a conduit au syndrome. Et ce dernier représente entre 70 et 80 % des adolescents reclus. Ainsi, selon le psy L. Gadeau, « Les Hikikomori secondaires nécessitent une prise en charge médico-psychologique et des soins psychiques ». Mais, le cas de l’Hikikomori primaire nécessite une attention particulière. Selon lui, « Il s’agit de comprendre les mécanismes psychologiques qui conduisent à ces formes de protection psychique par évitement social ». Cependant, puisque ces personnes refusent toute aide et n’en réclament pas, il serait difficile de les prendre en charge.

Par conséquent, Ludovic Gadeau a repris les premières hypothèses de Tamaki Saito pour proposer une approche. Il s’agit de prendre le syndrome comme un chemin auquel les adolescents doivent passer. Pour conclure, le psychologue Gadeau ajoute : « On aurait alors affaire à une nouvelle forme de traversée de l’adolescence, forme initiatique du nouveau millénaire, rendue possible à la fois par le développement du numérique qui offre un espace de vie virtuel, mais aussi la protection matérielle et économique de l’espace familial autorisant une gestation amniotique de quelques mois à quelques années ».

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