Les Suisses ont choisi de voter pour un treizième mois pour les retraités. La France serait-elle aussi partante pour ce genre de geste. Bruno Chrétien, président de l’Institut de la protection sociale a fait des confidences dans ce sens.
La Suisse offre un treizième mois pour ses retraités
Après la France, c’est autour de la Suisse de s’attaquer à la question des retraites. En effet, il y a deux ans, ils ont choisi d’aligner l’âge de départ à la retraite des femmes à celui des hommes, c’est-à-dire 65 ans. Actuellement, les Helvètes ont été à nouveau invités aux urnes pour décider de l’avenir de leur « AVS » (Assurance vieillesse et survivants), pour leur système de retraites.
Cette fois, la proposition visant à relever progressivement l’âge de départ à la retraite de 65 à 66 ans a été largement rejetée. Toutefois, une autre mesure inédite a fait l’unanimité auprès des Suisses et ce dans les 26 cantons. Ainsi, avec 58,2 % de voix, la population a voté en faveur d’un treizième mois pour les retraités en Suisse. Ils rejoignent le Liechtenstein qui a mis en place un système similaire depuis les années 90.
Ce 13e mois de retraite, versé début décembre sous forme de « prime de Noël », est perçu par les seniors comme l’équivalent un 13e mois de salaire. « Aujourd’hui, la prime de Noël est en principe une double pension de décembre », déclare Martin Hasler à nos confrères suisses de Blick.
Pour la communauté helvétique, ce coup de pouce représente ainsi une hausse annuelle des pensions de 8,33 %. Une très bonne chose pour un pays loin d’être épargné par la crise. Récemment, le gouvernement a annoncé que les tarifs de l’électricité vont augmenter de 18% cette année, après avoir déjà bondi de 27% en 2023.
Un pays au plus mal
Les pensions mensuelles de la sécurité sociale suisse sont plafonnées à 2 450 francs suisses (2 570 euros) pour une personne seule. Effectivement, cette somme serait à 3 675 francs pour un couple marié, dans un pays régulièrement classé parmi les plus chers du monde. En ville, le loyer d’un appartement de trois pièces s’élève à au moins 3 000 francs (3 150 euros). Un café coûte plus de cinq francs.
Si la gauche a milité pour cette proposition intitulée « Mieux vivre sa retraite », ce n’était pas le cas de la droite populiste. Pour l’UDC, le premier parti du pays qui a fait campagne pour le ‘non’. Cette initiative « irresponsable » permettrait « aux pique-assiettes d’épuiser le système ». Comment sera financée cette « 13ème rente » ? Sans surprise, le gouvernement a affirmé que l’augmentation proposée coûterait plus de quatre milliards de francs suisses par an. Par conséquent, il y airait des augmentations d’impôts et pourrait menacer la stabilité financière du système de sécurité sociale. Il a également estimé que le changement proposé, pour tous les retraités quelle que soit leur situation financière, n’apporterait qu’un bénéfice social limité.
Pour une bonne distribution des richesses ?
La Suisse a réussi à faire voter à 58% un treizième mois pour les retraités. Cependant, ce genre d’initiative peut être mis en place en France. Une idée inenvisageable selon Bruno Chrétien, président de l’Institut de la protection sociale. « Il est sûr que si vous posez cette question en France par référendum, la réponse sera probablement positive. Mais ce serait une approche complètement irresponsable. Ce treizième mois pose la question du lien entre la vie active et la vie de retraité. La notion de treizième mois se retrouve en entreprise et correspond à une redistribution de la richesse par une société prospère. Alors en quoi se justifie le fait que des retraités puissent avoir un treizième mois. Alors même qu’ils disposent d’une rente permanente qui est la traduction de ce qu’ils ont acquis avec le temps ? » avait-il déclaré Offrir un treizième mois aux retraités en France serait tout simplement impossible.
Les retraités : la France va-t-il offrir un treizième mois ?
Il semblerait que l’écart du niveau de vie entre les retraités et les actifs reste très différent. En Belgique, les retraités ont un niveau de vie plus faible que celui des actifs, il est de 80%. Dans les prochaines années, le niveau de vie des retraités va connaitre une baisse. Après la réforme des retraites, l’âge légal de départ a été reporté à 64 ans en France. Mais dans beaucoup d’autres pays d’Europe, il tourne plutôt autour de 66 ou 67 ans.
En France, offrir un treizième mois aux retraités reste impossible à cause de la dette de 3 100 milliards d’euros. Ainsi, voter une mesure de treizième mois va causer une dégradation de la note de notre pays. Il y aura aussi une accélération de sa déchéance financière.