La réforme des retraites ouvre également les débats sur la concentration des richesses. Est-ce raisonnable de penser que les milliardaires devront payer un peu plus d’impôts pour compenser le déficit du système ?
Réforme des retraites : quels liens avec la concentration des richesses ?
Pour empêcher la réforme des retraites, l’ONG Oxfam remet la question de la concentration des richesses sur la table. Leur solution est de taxer davantage les milliardaires. Pour rappel, il s’agit d’une association de lutte contre la pauvreté. L’ONG Oxfam annonce cette proposition dans son dernier rapport sur les inégalités, publié lundi 16 janvier. Actuellement, la fortune cumulée des 42 milliardaires français s’élève à plus de 544 milliards d’euros. Voici ce qu’Oxfam conclut. Une taxation de ce patrimoine « d’à peine 2% » par an permettrait de combler le déséquilibre du système. En effet, une telle mesure pourrait rapporter près de 11 milliards d’euros. Donc, cela va couvrir presque entièrement le déficit annuel de « 12 milliards d’euros » attendu en 2027 selon le Conseil d’orientation des retraites (COR).
Ce raisonnement est « totalement faux » pour Olivier Véran. D’ailleurs, il a critiqué l’idée lors d’un point presse le 18 janvier. D’après le porte-parole du gouvernement, miser sur la concentration des richesses pour remédier à la réforme des retraites est une erreur. En effet, cela revient à confondre « la fortune personnelle d’un chef d’entreprise avec le capital d’une entreprise ». Selon Olivier Véran, toute taxation des milliardaires sur le capital de leurs sociétés pénaliserait également les salariés de ces entreprises.
Un risque d’exil fiscal ?
Un expert en fiscalité donne son avis. Pour rappel, l’ONG Oxfam désire changer la concentration des richesses pour éviter la réforme des retraites. D’abord, Pascal Saint-Amans estime que si on taxe davantage les milliardaires, cela pousserait « les entreprises à s’implanter ailleurs ». Surtout si la France est le seul pays à mettre en place une telle mesure. En effet, le patrimoine des milliardaires est majoritairement composé de participations dans les entreprises qu’ils contrôlent. Il s’agit donc de biens de production. Ainsi, toute imposition sur « l’appareil de production » aurait des conséquences directes. A savoir, concernant le management de ces sociétés.. « Le groupe LVMH pourrait par exemple très bien installer son siège social dans un autre pays », illustre Hervé Joly.
Mais selon Quentin Parrinello, ces craintes sont infondées. « La France a eu un impôt sur la fortune (ISF) par le passé [remplacé en 2018 par l’impôt sur la fortune immobilière], et seuls 0,2% des contribuables visés sont partis », rappelle le représentant d’Oxfam. Pascal Saint-Amans répond que « sous l’ISF en France, les biens de production étaient largement exonérés ». Mais il incite à réfléchir sur la proposition de l’ONG. En réalité, l’expert juge qu’il s’agit d’une déclaration politique plus qu’une proposition de politique économique crédible.