D’un côté, Bercy affirme que la plupart des boulangeries sont protégés par le bouclier tarifaire. « Pour les plus petites entreprises, celles qui ont un chiffre d’affaires inférieur à 2 millions d’euros et qui ont moins de 10 salariés, elles sont protégées par les tarifs régulés de vente, avec une hausse qui sera limitée à 15% » l’an prochain, assure le ministère de l’Economie.
Les boulangeries et le bouclier tarifaire
« Le critère de la taille de l’entreprise est sans lien avec celui des tarifs régulés de l’électricité. Le véritable critère est celui de la puissance du compteur. Or la plupart des boulangeries, même les petites boulangeries de quartier, entre le four, le pétrin, les chambres froides et les banques réfrigérées. Donc, les boulangeries ont besoin d’une puissance énergétique qui les placent hors du bouclier tarifaire » explique Marc Sanchez, Secrétaire général du SDI.
La plupart des artisans ont en effet besoin d’une puissance au compteur. Supérieure à 36 kilovoltampères (KVA), qui n’entre pas dans le cadre du bouclier. Selon le patron de la Confédération, en moyenne, la puissance au compteur requise pour des boulangeries de taille moyenne (6 à 8 salariés) tourne plutôt autour de 72 KVA, soit le double du plafond imposé par le bouclier tarifaire. Interrogé par nos soins, EDF indique que le taux de 80% de petites et moyennes boulangeries non couvertes par le bouclier avancé par Dominique Anract n’est pas faux.
Concurrence des grandes surfaces « qui vendent à perte »
Sans quoi, il faudra bien augmenter très sensiblement les prix. « Si un artisan voit sa facture être multipliée par 4 ou 5. Il faudra qu’il augmente tous ces prix de 30% pour garder la tête hors de l’eau. Sans quoi il fermera » s’inquiète Dominique Anract. « De quoi faire grimper la baguette. Ce qui inquiète les artisans qui pensent qu’à ce prix. Les consommateurs vont se tourner vers les grandes surfaces où les baguettes sont vendues à perte », poursuit-il. « Pourtant, la répercussion intégrale de ces coûts placerait le prix de la baguette à un seuil. Ils estiment ne pas pouvoir atteindre sur ce produit emblématique de la consommation alimentaire française » abonde Marc Sanchez du SDI.
On rappellera que selon les chiffres d’Eurostat, la France est le pays de l’Union européenne où le prix du pain a le moins augmenté sur un an (+8,2%), loin derrière l’Allemagne (+17,5%) ou l’Espagne (+15,2%) voisines.
Alerté par cette situation, Bercy « regarde le dossier. Ils pensaient que le plafond de 36 KVA couvrait toutes les activités des artisans mais pas pour nous » explique Dominique Anract. Il a demandé (tout comme le SDI) que cette limite soit levée pour les boulangeries. Contacté, le ministère de l’Economie et des Finances rappelle aux boulangeries que d’autres aides que le bouclier tarifaire existent. Notamment une aide pour les entreprises. Ainsi, ils dépensent plus de 3% de leur chiffre d’affaires en énergie et qui perdent de l’argent.