Prenez des flics cernés et dépressifs – de préférence avec veste en cuir –, des gangsters tatoués qui couchent avec des prostituées cocaïnomanes. Secouez vigoureusement. Si tout se passe comme prévu, vous pourrez en tirer un film comme Overdose, et même le vendre à Amazon Prime.
FAST-FOOD CINÉMATOGRAPHIQUE
Olivier Marchal l’a fait, avec Overdose. Vous pouvez contempler l’affiche tape à l’œil en majesté dans le métro de la capitale et les abribus de France. Ce genre de fast-food cinématographique existe depuis toujours. Les Américains en ont même fait leur spécialité. Et puis des navets, la France en sort des palanquées chaque année. Oui mais voilà : le mystère est que celui-ci vient d’un réalisateur qui a réussi de vrais bons films. Et presque inauguré un genre, celui du « film de flic à la française ». C’est lui-même membre de la police judiciaire dans les années quatre-vingt. D’où sa crédibilité pour interpréter et transposer à l’écran le milieu de la police. Ce qu’il fit notamment dans les très réussis 36 quai des Orfèvres, Les Lyonnais, et la captivante série Braquo. On peut voir le film Overdose sur Amazon Prime.
Alors, oui, l’ambiance était déjà crue, à base de personnages flirtant. Avec les limites de la loi pour parvenir à leurs fins, et s’allumant une clope à chaque scène. On voyait parfois poindre la caricature, mais l’équilibre était là, comme les dialogues. Plutôt travaillés, les acteurs, à la hauteur, et les scénarios, prenants. On restait devant l’écran sans se mettre à rire devant certaines scènes. Encore convaincus par le réalisme du propos, au premier degré en somme. Overdose a vraiment convaincu les téléspectateurs sur Amazon Prime.
Overdose sur Amazon Prime
Dans Overdose sur Amazon Prime, rien de tout cela. Dès la deuxième scène, on se pince, tant la crème dégouline du gâteau. On y découvre le gros méchant du film, un Espagnol avec col pelle à tarte et grosses bagouses, répondant au subtil nom d’Eduardo Garcia.
Cette fois, Eduardo, donc, vient chercher son vieux copain Reynal à la sortie de prison « Alcazar » de San Juan : « – Ils t’ont laissé sortir mon salaud ! Tu as plus de voix ? Ils t’ont défoncé le cul ? – Non, tu sais pourquoi ? Parce que mon cul est à toi ! ». La copine badass tatouée d’Eduardo les attend, adossée à son Porsche Cayenne, complètement blasée, en fumant une cigarette. Les attend, aussi, le « cocktail de bienvenue » de Reynal : deux prostituées nues, qui patientent sur la plage arrière d’une seconde voiture. « Mollo, il n’a pas baisé depuis trois mois ! », les prévient Eduardo. Le tout sur Tequila Sunrise de Cypress Hill. On espère que ce n’est qu’un faux pas, mais tout le film est dans ce ton, navrant, voire bien pire.