« Les gens n’en reviennent pas » : dans les supermarchés, les caissières aux premières loges face à l’inflation
Les caissières de grandes surfaces subissent plus que tout le monde les effets de l’inflation. En effet, elles sont aux premières loges pour observer le comportement des consommateurs.
Les caissières de grandes surfaces subissent les effets de l’inflation
« Ah, je n’avais pas vu ce prix-là ! », « Vous vous êtes trompée », « Ça, il faut me l’enlever »… Derrière la caisse du supermarché Casino du Muy (Var), Claudine Cordina – quarante et un ans de grande distribution – entend ça tous les jours de la part des clients. Et elle leur fait inlassablement la même réponse depuis plusieurs mois : « Vous savez, si je pouvais, je baisserais les prix. » Le pouvoir d’achat des Français ? Leur attitude face à la hausse des prix ? Ce sont les caissières des grandes surfaces alimentaires qui parlent le mieux de l’inflation.
De l’autre côté du tapis roulant, les caissières de grandes surfaces sont aux avant-postes face au raz de marée de l’inflation. Les clients se plaignent auprès d’elles de l’augmentation du coût de la vie. « Tout est devenu cher », « L’Ukraine a bon dos ».Les consommateurs se plaignent également de la disparition de certains produits dans le magasin .« La moutarde, ça ne vient pas d’Ukraine. » Ces derniers mois, partout en France, les caissières font un même constat : aussi informés soient-ils, les consommateurs n’en croient pas leurs yeux lorsqu’ils entendent le total à payer.« Un client sur deux nous dit : “Oh, ça a encore augmenté” ou bien “Vous ne vous êtes pas trompée ?” », raconte Deborath Cabo, 41 ans, qui travaille depuis ses 19 ans dans l’hypermarché Géant La Foux, à Gassin (Var).
Les clients deviennent agressifs
“Même la clientèle de ce magasin non loin de Saint-Tropez, souvent fortunée, regarde désormais deux à trois fois le ticket de caisse pour être certaine que je ne me suis pas trompée”, explique la caissière. “Quand je leur annonce le total, j’ai quasiment systématiquement des commentaires”. A 760 kilomètres de là, en banlieue de Bourges, au Carrefour Market de Saint-Germain-du-Puy (Cher), la tension est montée d’un cran au moment d’un règlement. Mireille Richard est en poste à l’accueil quand une collègue en caisse l’interpelle discrètement : « Des clients vont venir te voir, prévient-elle, car ils trouvent certains prix exorbitants et pensent que je me suis trompée. Ils m’ont insultée, traitée d’incapable, et sont persuadés que j’ai commis une erreur. » Finalement, ils sont partis. Avec l’inflation, les caissières de grandes surfaces font face à des situations délicates.
Depuis trente-sept ans qu’elle travaille dans la grande distribution, cette femme de 59 ans connaît bien ses clients. Dans son magasin, la clientèle paie maintenant 200 euros voire 300 euros pour des courses. Alors qu’avant, c’était plutôt dans les 150 euros. En plus, pour ce prix, ils n’ont presque rien : ni viande, ni alcool. D’ailleurs, une fois leurs achats réglés, ils vérifient constamment leur ticket. Il faut dire que les caissières de grandes surfaces observent le changement de comportement des clients près l’inflation.