Mercredi 28 septembre 2022, Camaïeu a été placée en liquidation judiciaire par le tribunal de commerce de Lille. Une décision qui va entraîner la suppression de 2600 emplois de l’enseigne basée à Roubaix, deux ans après sa reprise par son actionnaire.
Camaïeu placé en liquidation judiciaire
Après avoir passé devant le tribunal de commerce de Lille, le sort de l’enseigne de prêt-à-porter Camaïeu a été scellé ce mercredi 28 septembre 2022. « Le tribunal convertit le redressement en liquidation judiciaire », a affirmé son président. Une déclaration qui a anéanti les employés, fondant en larmes, venues en masse pour écouter la délibération.
Pourtant, l’actionnaire de Camaïeu, Hermione People and Brands (HPB), était encore convaincue de trouver une solution pour l’enseigne. Cette dernière est placée en redressement judiciaire depuis le 1er août dernier. D’ailleurs, le plan présenté devant le tribunal aurait permis de limiter le dégât avec seulement 500 salariés supprimés.
Interrogé dans la matinée, il avoue être prêt, tout comme la Région Hauts-de-France, à injecter plus de fonds pour éviter la liquidation judiciaire de Camaïeu. Mais ce, à condition que l’État apporte lui aussi son aide financière.
Les salariés en larmes
Lundi dernier, HPB aurait déjà demandé une avance de 48 millions d’euros à l’État. Une demande rejetée par Bercy qui avait jugé que celle-ci n’était pas « réaliste ». Aussi, que l’État ne puisse « en aucun cas se substituer aux actionnaires ».
De son côté, l’actionnaire estimait gagner un peu de temps afin de relancer son enseigne, mis à mal par la crise sanitaire et une onéreuse cyberattaque. M. Hubner avait souligné : « L’heure est grave, elle nécessite la mobilisation de tous »,
effectivement, HPB avait besoin de mobiliser 79,2 millions d’euros, dans les huit prochains mois, pour mettre sur pieds l’enseigne. Cette somme assurera ainsi les achats de la saison automne-hiver et préparer la collection de printemps.
Ce mercredi, plusieurs salariés, dont la majorité était vêtue de gilets CGT et CFDT, étaient venus en masse devant le tribunal. Ils avaient hué les représentants de l’actionnaire : « Honte à vous, fossoyeurs de Camaïeu ».
Par ailleurs, l’avocate du CSE Justine Candat avait précisé : « Je ne vois pas comment une autre décision que la liquidation judiciaire peut être rendue ». Alors que de son côté, le maire divers-droite de Roubaix Guillaume Delbar, avait publié sur Tweeter avant la délibération du tribunal : « La liquidation judiciaire serait un scandale et un signe de résignation inquiétant ». Et de souligner : « Le destin de 2 600 familles est en jeu ».
Camaïeu : la fin d’un empire
Selon M. Hubner, tout a chamboulé pour l’enseigne à la suite d’un arrêt de la Cour de cassation. En effet, celui-ci a imposé la réglementation des loyers impayés lors de la crise sanitaire avant fin juin. Cependant, la facture est salée, à hauteur de 70 millions d’euros sur un total de 240 millions de dettes.
Par ailleurs, en reprenant 511 magasins sur les 634 de la marque en France et 2 600 salariés sur plus de 3 100, l’actionnaire s’était donné en 2020 deux ans pour remettre en marche et surtout en équilibre Camaïeu.
Malheureusement, le verdict est tombé : l’enseigne Camaïeu est placée en liquidation judiciaire.