La Banque de France vient de parler du surendettement d’un département en particulier en 2023. Pour le le Sud-Ouest, le Lot-et-Garonne est le département le plus concerné.
Le surendettement dans le département de la France en 2023
En 2023, la Banque de France, qui dirige les dossiers soumis aux commissions de surendettement, a eu droit à 121 617 demandes. « En effet, c’est 8 % de plus qu’en 2022. Mais en retrait par rapport à l’année de référence 2019, pré-Covid », déclare Hélène Arveiller, directrice adjointe à la direction des services aux particuliers de la Banque de France.
La France détient pas moins de 9,1 millions de personnes en situation de pauvreté. Toutefois, le nombre de dossiers en cours d’instruction par les commissions de surendettement n’est que de 586 000. Ainsi, il semblerait que le Lot-et-Garonne est le département du Sud-Ouest qui est le plus concerné par le surendettement en France en 2023. Cela se voit avec les 299 dossiers pour 100 000 habitants. De son coté, les Pyrénées-Atlantiques se trouve à son apogée avec 180 dossiers pour 100 000 habitants.
Des ménages au plus mal
De plus en plus de Français se déclarent en situation de surendettement. En 2023, la Banque de France a constaté une hausse de 8% du nombre de dépôts de dossiers, par rapport à 2022. Malgré tout, le chiffre est resté stable sur un an, à 4,2 milliards d’euros. Toutes dettes comprises, l’endettement médian s’établit à 18.446 euros.
Les dettes liées aux crédits à la consommation pèsent pour 40% de l’endettement total, une part qui a augmenté de deux points par rapport à 2022. Celle des dettes immobilières est passée à 27% (contre 29% il y a un an). Les dettes de charges courantes (logement, fiscalité, énergie, téléphonie) sont stables, et comptent pour 33% de l’endettement global. Dans cette catégorie de dettes, celles liées aux factures d’énergie et de communication ont augmenté légèrement en 2023, de 3%, par rapport à 2022, mais cette hausse est « à relativiser », les dettes d’énergie ne représentant « que 2% » de l’endettement global des ménages, a mis en avant ce jeudi Hélène Arveiller, directrice adjointe des particuliers à la Banque de France.
Les boucliers tarifaires ont eu un rôle à jouer
Les boucliers tarifaires, mis en place par le gouvernement pour faire face à l’envolée des prix de l’énergie, « ont sans doute joué leur rôle en 2023 », a-t-elle avancé, lors d’une conférence de presse. Avec la levée progressive de ces aides, la Banque de France restera « attentive » à une potentielle incidence sur les difficultés financières des Français.
Si le nombre de dépôts de dossiers de surendettement a augmenté de 8% en un an, atteignant un total de 121.617 en 2023, cette hausse reste « modérée » et est « sans corrélation immédiate avec l’inflation », a avancé Hélène Arveiller. Pour elle, cette hausse s’explique plus par une « sorte de normalisation » après trois années « extrêmement atypiques » liées au Covid. Une étude réalisée par le Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Crédoc) pour la Banque de France, publiée le 22 janvier, avait ainsi montré que face à l’inflation, les ménages les plus modestes avaient réussi à limiter les incidents bancaires en adaptant leurs comportements budgétaires.
Stratégie numéro un relevée par le Crédoc, 77% des plus modestes (74% de l’ensemble) ont cherché à augmenter leurs ressources : 46% des plus modestes (et de l’ensemble) ont puisé dans leur épargne, 22% (30% de l’ensemble) ont cherché à accroître leurs ressources par l’emploi, 25% (14%) par des aides sociales, d’urgence, ou auprès de proches. Par ailleurs, 41% des ménages modestes (36% de l’ensemble) ont eu recours à au moins un arrangement bancaire ou de paiement. Deuxième stratégie : 71% des ménages modestes (58% de l’ensemble) ont repoussé ou abandonné des dépenses, d’abord les équipements informatiques (48% et 38% de l’ensemble), mais aussi des courses alimentaires (42% et 30%). 26% (17%) n’ont pas payé au moins une facture.
Une procédure qui souffre toujours « d’une mauvaise réputation »
Il reste toutefois difficile d’évaluer le nombre de personnes renonçant à déposer un dossier de surendettement, parce qu’ils méconnaissent la procédure, mais aussi par « honte » ou par « peur ». Existant depuis 1989, la procédure souffre toujours d’une « mauvaise réputation », malgré des évolutions plus protectrices pour le débiteur, notait mi-janvier Pauline Dujardin, juriste de la fédération Crésus, qui accompagne les personnes en difficulté financière. Elle observe que les craintes de « perdre sa maison » ou d’être « interdit bancaire » restent tenaces, et plus largement une « réticence à constater qu’on a besoin d’aide ». « Et c’est à ce moment-là qu’on commence à prendre des crédits pour payer des crédits, à demander de l’argent à droite à gauche, et qu’on se retrouve dans des situations inextricables, » appuie Pauline Dujardin.
Les personnes en grande difficulté franchissent ainsi très tardivement les portes des points d’accueil de Crésus, quand « il n’y a que la Banque de France pour (les) sauver ». « Il faut dédramatiser le surendettement » souhaite la juriste. Même si elle juge « assez improbable » un retour aux niveaux de 2014-2015, ce « décalage » dans le temps entre les premiers impayés et le dépôt d’un dossier pourrait gonfler à venir les chiffres du surendettement.