D’après plusieurs études récentes, le non-recours aux prestations sociales atteint fréquemment des niveaux supérieurs à 30 % en France.
Manque d’information et démarches complexes
Tous les ans, Drees publie un baromètre d’opinion sur le niveau de connaissance des avantages sociaux et les raisons du non-renouvellement. Un échantillon de 4000 habitants représentant la population de la métropole, âgée de 18 ans ou plus est questionné sur une grande variété de sujets. Dans le baromètre de 2021, le manque d’information sur les aides ou les organismes est le premier motif, pour 37% des Français, de non-recours aux prestations sociales. Il ne s’agit pas toujours d’un manque de communication de la part des autorités publiques. En effet, Héléna Revil explique que c’est plutôt « une difficulté des populations visées à s’approprier l’information qui est complexe ». Elle qui est la responsable scientifique de l’Observatoire des non-recours aux droits et services (Odenore), un centre de recherche de l’université Grenoble-Alpes.
Par ailleurs, 22% des personnes interrogées par Drees ont mentionné que les procédures administratives étaient trop compliquées. Et 17% ont dit craindre des conséquences négatives. Ensuite, la volonté d’autonomie et le refus de d’être assisté (15 %).
Quatre formes de non-recours aux prestations sociales
L’Odenore a quant à elle développé en 2010 une « typologie qui explique ce phénomène ». Et il identifie quatre formes de non-recours comme résultat. Il s’agit de la non-connaissance (l’offre n’est pas connue), ensuite la non-demande (elle est connue, mais pas demandée). Puis la non-réception (elle est demandée, mais pas obtenue). Et enfin la non-proposition (l’offre n’est « pas activée par les agents prestataires ». Cela, malgré l’aptitude du demandeur et que celui-ci connaisse ou non l’offre). Pour les services proposés au niveau national tels que le RSA, les personnes admissibles concernées par le non-recours aux prestations sociales, sont généralement « les moins diplômés, qui ont du mal à accéder ou utiliser du numérique« . Ils sont également concernés par une « précarité des liens » . Ils sont « privés d’un entourage qui pourrait les supporter ou les guider ».