Incroyable, « Le syndrome de l’imposteur qui m’a attrapée quand j’ai été orientée en bac pro m’a suivie jusqu’en prépa »

Incroyable, « Le syndrome de l’imposteur qui m’a attrapée quand j’ai été orientée en bac pro m’a suivie jusqu’en prépa »

« Premières fois » : récits de moments charnières autour du passage à l’âge adulte. A quelques jours de la clôture des vœux sur Parcoursup, Jessie de Brugière, 25 ans, révèle qu’elle a eu le syndrome de l’imposteur. Elle raconte son saut de classe académique : d’un lycée professionnel à l’une des meilleures écoles de commerce avec quelques péripéties. Explications.

Elle a mené une vie ordinaire

La première fois que je comprends que je vais franchir plusieurs marches dans la pyramide académique. Je suis dans le salon d’esthétique de ma mère. Les résultats des épreuves écrites du concours d’accès aux grandes écoles de management viennent de tomber. Je suis alors encore persuadée que je ne peux pas réussir. Mais à mon grand étonnement, moi, l’ancienne lycéenne de bac professionnel, je suis admissible à Grenoble Ecole de management (GEM). Je fonds en larmes. La pression de ces années de classe préparatoire retombe d’un coup. J’ai l’impression d’avoir vécu en apnée depuis trois ans. Je respire enfin.

Le choc arrive en fin de troisième. Nous en sommes en 2012. Je pense alors passer tranquillement en seconde générale. Mon amie Margot est déléguée de classe. Elle me souffle que je ne passe pas dans la classe supérieure. Je suis choquée, le syndrome de l’imposteur a commencé en ce moment mais j’étais encore inconsciente. Ma professeure de français me lance : « Tu t’attendais à quoi ? Il fallait te réveiller plus tôt ! Va voir la directrice. » Dans le couloir, je l’entends hurler au téléphone contre un parent d’élève qui n’accepte pas la décision du conseil de classe. Elle raccroche, me fait rentrer dans son bureau et m’affirme que je ne peux pas faire appel de la décision. Elle se saisit d’un cahier de l’Onisep qui référence les lycées. Puis, elle ouvre une page au hasard et annonce : « Un bac pro fleuriste, cela te dit ? »

Qu’est-ce donc que ce troublant syndrome de l’imposteur ?

Le terme du syndrome de l’imposteur a été introduit dès 1978 par deux psychologues, Pauline Clance et Susanne Imes. À la suite d’une étude qu’elles avaient mené sur 150 femmes diplômées, exerçant des métiers prestigieux et jouissant d’une excellente réputation. Pourtant ces femmes brillantes dont les compétences ne faisaient aucun doute avaient une fâcheuse tendance à se sous-estimer. Elles avaient souvent l’impression de ne pas être à leur place, de ressembler à une publicité mensongère. Et de ne considérer leur réussite que comme le fruit d’une accumulation de circonstances externes favorables dont le mérite ne leur revenait pas. Un état des lieux qui ne fait qu’entériner le manque de confiance en soi qu’il provoque. Il y a des degrés évidemment, et un large éventail de symptômes.

Puisqu’en ce 8 mars on s’intéresse aux femmes, doit-on systématiquement conjuguer le syndrome de l’imposteur au féminin ? Il se trouve que l’étude originelle ayant porté sur une cohorte exclusivement féminine. On a longtemps considéré que c’était effectivement l’apanage des femmes que d’en souffrir. Pourtant, si elles en sont plus souvent victimes, beaucoup d’hommes y sont sujets également, du sportif au père de famille, de l’étudiant au dirigeant d’entreprise. On peut même se tester en ligne d’ailleurs pour les amateurs. Quelle idée j’ai eu de le faire : mon score de 68% semble indiquer que j’en souffre fréquemment.

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