Les appels répétés du gouvernement et les publications des préfectures sur les réseaux sociaux n’y changent rien. La prime de carburant, qui remplace l’ancienne remise à la pompe, peine à trouver son public. Un paradoxe en période d’inflation. Cette aide de 100 euros cible la moitié des Français les plus modestes utilisant leur véhicule pour travailler ou se rendre à leur travail. 10 millions seraient éligibles au dispositif. Pourtant, selon Bercy, le 12 février, seuls 5,7 millions d’entre eux en avaient fait la demande. Jeudi, sur France Info, Gabriel Attal avouait que ce chiffre stagnait encore. Quelles sont les raisons de ce non-recours de l’indemnité carburant ?
Les démarches à suivre pour faire une demande
La demande de la prime de carburant avait à l’origine une date butoir : le 28 février. Mais le flop du dispositif a poussé le gouvernement à le prolonger jusqu’au 31 mars. Le ministre de l’Économie Bruno Le Maire, a jugé que les Français éligibles méconnaissent leurs droits, et leur octroie. « Je voudrais simplement que tous ceux qui y ont droit puissent la toucher », a-t-il insisté au micro de RTL. En revanche, le taux du non-recours pour cette indemnité de carburant atteint près de 50 %.
Pour obtenir cette aide, il faut se rendre sur le site impots.gouv.fr, avant la fin du mois de mars 2023. Et vous devez fournir votre état civil et votre numéro fiscal, le numéro d’immatriculation du véhicule utilisé et son numéro de carte grise. Ainsi qu’un engagement sur l’honneur que vous utilisiez votre véhicule à des fins professionnelles. L’attribution de cette aide est conditionnée à un revenu d’activité au titre de 2021. Outre un plafond de revenus, il ne faut pas être redevable de l’impôt sur la fortune immobilière (IFI). Si vous remplissez la dizaine de conditions d’obtention. L’indemnité carburant sera directement versée par la Direction générale des Finances publiques (DGFiP) sur votre compte bancaire. On vous dévoile les raisons de ce non-recours à l’indemnité de carburant.
Indemnité de carburant : les explications du non-recours à cette aide
« Cela ne prend qu’une minute » sur le site impôts.gouv.fr, a assuré le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran. Quelques clics enfantins ? Pas pour tout le monde, rappelle Romain David, écrivain public et accompagnateur numérique à Toulenne, à côté de Langon (33). Récemment, il a justement aidé plusieurs travailleurs à faire la demande de l’indemnité carburant en ligne. « Ils ne savaient pas lire. On les a donc accompagnés. Mais combien n’osent pas demander d’aide ? » La dématérialisation des services publics est en marche et de nombreux Français – souvent mal équipés. Ils ont du mal à suivre le mouvement. « Ils essaient de réaliser des démarches en ligne, mais ils sont vite dépassés. Usés, ils se découragent et préfèrent renoncer à leurs droits », regrette Romain David, œuvrant au sein du collectif Agir contre l’illettrisme et l’illectronisme en Sud Gironde. C’est l’une des raisons du non-recours à l’indemnité carburant.
Du côté de la Ligue de défense des conducteurs, on déplore la « communication brouillonne » autour de cette prime. « Les consommateurs sont perdus : d’un côté, on encourage le tout électrique. De l’autre, on leur annonce cette mesurette pour payer du carburant, déplore Alexandra Legendre, porte-parole. Cela dit, 100 euros, c’est mieux que rien et ça compte dans le budget de certains ménages. Mais le gouvernement doit mieux communiquer, peut-être directement auprès des Français bénéficiaires. »